Raison d'état
&
états d'âme

par Joël Labruyère

Le magazine Point de Vue qui a la fonction de faire rêver avec les beaux mariages et les naissances princières, vient de publier la thèse " officielle " sur l'assassinat de Lady Diana. La grande presse n'en a pas pipé mot. Point de Vue aurait-il été choisi pour révéler l'affaire sans tapage, sachant que les gens ne peuvent admettre une vérité si elle ne vient pas de la télévision ? La stratégie de " dégazage " médiatique en douceur permet au Système de se confesser sans honte. La faute est avouée, mais d'une manière biaisée, après que le temps ait déminé le terrain. Le scandale révélé n'est plus alors qu'un pétard mouillé.
Pris d'une fièvre de vérité, Paris-Match s'interroge sur un secret de polichinelle : " Johnson a t-il fait tuer Kennedy ? " La réponse est dans la question.
Il a fallu 40 ans pour qu'un journal français donne la réponse avec un point d'interrogation.
Kennedy fut un personnage si charismatique, dont l'ombre de héros martyr plane toujours sur le monde, que les autorités ont tardé à cracher le morceau. Qui aurait accusé Johnson qui succéda au mort à la tête des USA ?
Au confessionnal de la politique, l'ordre hiérarchique est respecté. Le secret sur la fin de Marilyn Monroe fut dissimulé le temps nécessaire au deuil médiatique avant dégazage. Quelques jours avant la mort de l'actrice préférée de Kennedy, Franck Sinatra, le crooner au larynx de velours, l'avait " préparé " dans son bunker californien. On a retrouvé Marilyn hagarde, errant nus pieds dans les rues de Los Angeles. Après son faux suicide, on a fait porter la casquette au frère de John Kennedy, lui aussi éliminé. Récemment ce fut le tour du fils de John Kennedy, qui " aurait perdu le contrôle de son appareil ". Ce sont des choses qui arrivent lorsqu'on s'appelle Kennedy, et que l'on descend d'une lignée irlandaise qui n'est pas majoritaire dans l'establisment protestant anglo-saxon.
Contrairement aux autres stars frappées au zénith de la gloire, la révélation de l'assassinat de Lady Diana est venue plus vite, six ans après le drame du 31 août 1997. Mais tout s'accélère de nos jours. C'est un ex-agent des services secrets britanniques qui a été chargé du dégazage de cet assassinat qu'il relate avec une précision toute policière. De l'intervention des agents de la DST française qui ont " préparé " la mercedes en corbillard princier, jusqu'au signal aveuglant envoyé par un commando dans les yeux du chauffeur au moment où il s'engageait sous le tunnel de l'Alma à la vitesse démente qu'on lui avait ordonné, tout est minutieusement raconté. Normal, il s'agit d'un rapport des services secrets, concocté pour couvrir la famille royale. A qui profite crime ? La raison d'état est en l'occurrence une farce sinistre. On dit que Diana s'apprêtait à jacter sur les mœurs de sa royale famille. Se savait-elle condamnée par le pouvoir derrière le trône ? (Diana, secrets and lies- Nicholas Davis)
Comme le Système ne fait pas les choses à moitié, dans le temps où Point de Vue relate l'assassinat de Diana par les services franco-britanniques (MI 5 et DST), l'inévitable Paris-Match nous révèle les lettres d'amour que la princesse écrivait à un amant qui fait aujourd'hui chanter la Couronne en menaçant de révéler les fantasmes de la star défunte. Cet individu dit de lui-même qu'il est un dégueulasse. On le croit volontiers.
On suppose que cette révélation de sexe doit compenser celle de mort, et que cette ombre sur la mémoire de Sainte Diana sert à minimiser l'impact de l'annonce de son assassinat. Dans l'une de ces " lettres érotiques ", elle demande à son militaire d'amant enrôlé dans la guerre du Golfe, des nouvelles de son " copain " (son pénis) à qui elle souhaite bien du plaisir auprès des filles du Koweit. Si c'est écrit dans le journal…

Autre secret révélé par l'incontournable Paris-Match : les morts de l'Ordre du Temple Solaire ont été grillés au lance-flamme. Une opération de spécialistes de l'armée.
Pour ceux qui ont suivi mes recherches dans le cadre de l'Omnium des Libertés, ce n'est pas un scoop, puisque j'ai révélé au début 1996 que les faux suicidés avaient été exécutés par un commando militaire. C'était une intuition.
Elémentaire. Les spirituels qui croient au karma ne se suicident pas joyeusement en famille. Vous en connaissez beaucoup des mères de famille, croyantes en Dieu, dévouées à leur famille et d'un niveau culturel décent qui tuent leur enfant pour l'envoyer sur Sirius ? L'enquête récente a montré des traces de coups sur les corps à demi carbonisés de ces femmes.
La question que je me suis posé à l'annonce de ce massacre en décembre 95, ce n'est pas de savoir si c'était un suicide collectif, mais comment on peut gober un tel gag macabre ?
Lorsque j'ai lancé l'idée que le " suicide collectif " est toujours un crime des services secrets, je me sentais bien seul.
Plus tard, d'autres ont repris l'info pour faire du tapage. Finalement , le fils Vuarnet qui comprend vite si on lui explique longtemps, et dont malheureusement la mère était au nombre des victimes, a fini par exiger la réouverture d'une enquête bidonnée par le juge Fontaine, dont il ne faut jamais boire l'eau.
Vuarnet refusa de me rencontrer car, lui avait-on dit, ce lascar est torpillé par les sectes.
" Torpillé par les sectes…taupe de la Scientologie… suppôt des gourous, etc… "
C'est comique lorsqu'on sait qu'il est interdit à des Scientologues de se mêler d'affaires comme l'OTS car cela touche à des intérêts politiques. Je dirai pourquoi une autre fois.
Les antisectes et les RG dont j'ai ridiculisé les thèses ridicules m'ont diabolisé de manière vicieuse : " Il n'y a qu'à dire qu'il est scientologue et cela le discréditera ". Ausitôt dit, aussitôt fait. France-Soir lança le " turbin " monté par les RG contre l'emmerdeur.
En France si vous voulez nuire à quelqu'un, dites qu'il est dans une secte. Et si vous voulez salir définitivement sa réputation, dites qu'il est scientologue. Face à cet épouvantail, les honnêtes gens frémissent. On ferme les volets.
J'ai convoqué en justice Alain Vivien pour m'avoir accusé dans France-Soir d'être sponsorisé par la scientologie. Et la justice m'a baisé, il n'y a pas d'autre mot. J'ai versé une forte caution suite à l'instruction, mais ma plainte est tombée aux oubliettes. Ma victoire était trop facile. On préféra éviter le procès par crainte que la cour de la 17e chambre ne démontre l'absence de sciento-virus dans mon organisme. Ceci dit les scientologues ne sont ni pestiférés ni des sous hommes, et je n'ai rien contre les personnes. Cette organisation est parfois lourdingue, et la présence américaine se fait trop sentir en coulisse, mais nul ne doit aller là où il n'a rien à faire.
Un peu plus tard, la justice s'est souvenue de moi et j'ai été condamné pour diffamation envers l'expert Abgral, pour avoir prétendu qu'il était l'inventeur du " suicide collectif ".
Normal, il était l'homme des services secrets dans la désinformation médiatique sur l'OTS. J'ai donc été sanctionné pour avoir dit la vérité car le docteur Abgral a été mis en examen pour s'être improvisé expert sans mandat. Curieux retournement. Il est accusé de ce pourquoi j'ai été condamné de l'avoir accusé. Ce n'est pas simple. Pour l'anecdote, je rappelle qu'Abgral habitait à deux pas du lieu du massacre. Cela fait désordre pour un agent des services secrets chargé de raconter toute l'affaire aux médias, comme s'il avait été parmi les tueurs !
Foin des états d'âme, je rirais presque de l'accusation de " taupe de la Scientologie " si cela ne me fermait les portes en France.
Il faut savoir que nombre d'idées exposées dans Undercover sont hérétiques pour l'orthodoxie scientologique, ou tout au moins " out tech " (hors dogme) dans le jargon sciento. Qu'est-ce que cela signifie ? Pour les initiés à la doctrine de Ron Hubbard, cela veut dire qu'un scientologue qui publierait des thèses hostiles à l'empire américain se ferait souffler dans les bronches. Lorsque je mets en cause les services secrets et les jésuites-maçons, et que de surcroît je dénonce les loges occultes tibétanisés, cela contredit le dogme des " psychiatres suppressifs " ennemis du Thétan humain. Avec mes idées, je suis " out tech " et je devrait renoncer à publier Undercover si j'étais scientologue. C'est ainsi.
Pour comprendre un minimum la Scientologie, il faut rencontrer des adeptes et pas seulement des ennemis déclarés. C'est pourquoi je suis allé jusqu'à Hollywood pour prendre le café avec des manitous de la secte à Tom Cruise. Un bon souvenir de voyage au demeurant.
Si d'autres préfèrent rester peinard, j'ai trouvé Hollywood pas si mal. Cela m'a permis de découvrir des scientologues du petit peuple de Los Angeles et même un rabbin scientologue. " The talmud is good but Scientoloy is very good ". Paroles d'un rabbi orthodoxe scientologue. C'est " l'Amérique des sectes ".
Quand j'ai découvert la spiritualité dans les années 60, j'ai voulu voir et toucher. J'ai lu Aurobindo et j'ai visité son ashram de Pondichéry en 69. J'ai étudié le Zen et j'ai pratiqué Zazen avec le maître Deshimaru en son dojo de Pernéty, au début 70. J'ai découvert Krishnamurti et je me suis rendu à ses conférences de Saanen. Après la lecture du " Pèlerinage aux sources " de Lanza del Vasto, j'ai été voir le Shantidas et sa Chanterelle qui m'accueillit ainsi : " Savez-vous ce que nous faisons ici ? " " bah…oui ". " Bon, entrez ". C'était un autre temps.
Quand je lis un livre intéressant, j'aime voir l'auteur dans sa tanière pour flairer l'ambiance. C'est pourquoi, selon les Généreux Renseignements, je suis le meilleur connaisseur des sectes en France. Un compliment ? Pas vraiment. De là vient ma réputation de suppôt des gourous. Mais c'est un procès injuste, vu mes positions iconoclastes. Quant à la suspicion d'être " proche de la Scientologie ", c'est une bonne blague, sachant que même les universitaires qui étudient cette organisation sont traités " d'agents de la Scientologie ". Leur faute ? Ils produisent des études neutres. C'est très mal vu d'être neutre. Pourtant, plus un groupe est controversé, et plus c'est excitant d'aller voir le diable de près. Mais qui se soucie de connaître quelque chose de première main ?
Lors de mes recherches, j'ai visité une centaine de communautés. Ces sectes qui d'après les médias " violent, pillent et torturent ". Maintenant que le délire de cette propagande hystérique est un peu retombé, on y voit plus clair. Alors, je vous raconte.
Louis Pauwels a écrit en 1985 dans le Figaro magazine : " On nous prépare des scandales de sectes. Je le vois, je le sens. " Parole prophétique d'un connaisseur des mouvement spirituels (Planéte, Question De, le Matin des magiciens). Après le massacre de l'OTS, Pauwels qui avait flairé l'embrouille m'a encouragé dans mon action de clarification. L'association antisecte ADFI l'a attaqué à cause de son article du Figaro " L'esprit d'inquisition ", pour lequel Pauwels m'avait sollicité. Pour lui, il s'agissait d'un complot pour imposer la pensée conforme. Pauwels accusait très justement l'ADFI de promouvoir la normalisation mentale. Une inquisition. J'étais en phase d'où mon livre " L'état inquisiteur " dédié à Louis Pauwels, un esprit non conformiste dont les formules déchaînaient la controverse.
Depuis Guyana (900 morts) jusqu'à L'OTS, en passant par Waco (80 morts), ces massacres ont été perpétués par des commandos dirigés respectivement par la CIA, la DST et le FBI.
Il existe des rapports factuels de chercheurs indépendants. Le suicide collectif n'a jamais existé. Alors, pourquoi ces massacres ?
Je ne parlerai pas des drames de Guyana et Waco qui obéissent à une logique militaro-policière américaine, mais je peux dire ce que je sais sur l'OTS et la lutte antisecte qui en a découlé. Comprenons bien cet enchaînement. Sans le massacre médiatisé, la lutte antisecte restait sans fondement. Il fallait du sang pour émouvoir les chaumière et pousser la classe politique à légiférer contre le danger potentiel des groupes marginaux. C'est chose faite depuis la loi About-Picard qui est une loi militaire tournée contre tout groupe ou individu que la République jugerait " sectaire ". C'était le but de cette campagne. Cette loi votée, les choses sont plus calmes.
C'est une loi liberticide, une épée sur la tête des résistants à l'ordre mondial qui voudraient s'organiser ou se réfugier quelque part. Et pourquoi cette loi d'exception ? Parce que telle est la stratégie de la " grande muette ". Vous ne l'entendez jamais mais elle vous connaît bien. Derrière elle se cache le pouvoir réel.
Sans nul doute, les gourous de l'OTS étaient compromis dans le blanchiment d'un trafic d'armes au profit des services secrets.
Ont-ils tapé dans la caisse ? A t-il été jugé nécessaire d'éliminer tous les témoins ? Comme toujours en pareil cas, les services ont fait d'une pierre deux coups : en organisant en simultané une commission parlementaire sur les sectes dont le rapport alarmiste est sorti en même temps que le massacre de l'OTS. Sans le sang de l'OTS le rapport sur les sectes serait tombé dans le puits des rapports parlementaires ordinaires. Pas de médiatisation sans scandale.
172 associations pour la plupart moins dangereuses que les ligues de pêcheurs à la ligne, se sont retrouvées listées comme sectes criminelles. Et comble de cynisme, la plus criminelle de toutes, l'OTS n'était même pas sur la liste noire de ce rapport bidon.
Attendez la suite. Vous pensez : " Quand même, l'ADFI a reçu les témoignages de victimes des sectes. Il n'y a donc pas de fumée sans feu. " C'est vrai. Les méthodes de certaines organisations sont parfois indélicates.
Parlons de l'ADFI et de son égérie, Janine Tavernier, la mamie qui luttait contre les méchants gourous qui menacent nos enfants ? Le pot aux roses est découvert : Janine Tavernier était un agent des services spéciaux, formé à la désinformation médiatique. Son mari, Michel Tavernier, militaire, était quant à lui un agent qui trempait dans le trafic d'armes en Afrique. Son surnom était " la dame noire " car d'après les africains " la mort arrivait dans son sillage ". Janine et Michel s'étaient connus lors d'une mission d'infiltration dans la communauté Emmaüs dans le but de faire tomber l'abbé Pierre, cette grande gueule qui harcelait les politiques et les éminences catholiques depuis les années 50.
Leur mission accomplie, Janine et Michel convolèrent en justes noces. La trahison tisse des liens. Plus tard, Michel dit " la dame noire " infiltra la secte écolo " survivaliste " Ecoovie qui était dans le collimateur de l'état à cause d'activités humanitaires suspectes.
Alors pour faire tomber la secte, l'intrépide Janine - une épouse héroïque - s'envola vers le grand Nord pour ramener son agent d'époux qu'elle sauva du froid et de la malnutrition en l'arrachant aux griffes de la secte. C'est la légende de l'ADFI. Tout faux mais efficace.
Je ne m'étonne plus que la présidente de l'ADFI ne répondait pas lorsqu'on voulait connaître les sources de ses élucubrations. Maintenant je sais l'origine de ce mutisme. Dans la Grande Muette on ne discute pas.
J'ai su dès le début que Janine Tavernier était en mission lorsqu'en lisant le rapport d'une réunion secrète de l'ADFI, elle déclarait à ses collaborateurs : " Maintenant c'est la guerre ! " Conclusion sur l'affaire de l'OTS ? Les ordres templiers appartiennent aux services secrets internationaux et parfois au Vatican. Et ça cartonne entre les services pour se partager la fraîche. Parfois ça éclabousse au dehors. J.L.