Depuis un an et demi, la Coalition de Montréal pour des dents en santé milite fermement afin de convaincre l'administration municipale d'ajouter du fluor à l'eau, dans le but d'améliorer la santé dentaire des enfants.
Selon la Coalition « Montréal est la seule grande ville nord-américaine à ne
pas ajouter de fluor dans son eau ». L'ajout de fluor a déjà été à l'agenda de
l'administration montréalaise, en 1988. Le comité chargé du projet avait alors
décidé de ne pas aller de l'avant et de concentrer ses efforts sur
l'éducation.
Les autorités estimaient alors qu'il était préférable de
sensibiliser les jeunes sur l'importance de l'hygiène dentaire et d'un régime
faible en sucre. C'est toujours la voie de l'éducation qui est favorisée pour
combattre la carie, a confirmé le responsable du dossier de l'eau de la Ville de
Montréal, Alan DeSousa.
Pour la présidente de la Coalition de
Montréal pour des dents en santé, la Dre Stephane Schwartz, l'éducation ne
suffit pas. « La carie dentaire est une infection multifactorielle,
explique-t-elle. Parmi les facteurs qui sont à l'origine de la carie, on
retrouve le régime alimentaire, le manque d'hygiène et le manque de fluor.
»
« Si on veut enrayer la carie, poursuit la Dre Schwartz, également
directrice du département de dentisterie de l'hôpital de Montréal pour enfants,
il faut de tout. Il faut changer le régime alimentaire, les mauvaises habitudes,
comme aller au lit avec un verre rempli d'un breuvage sucré, il faut se brosser
régulièrement les dents, et il faut du fluor. »
Efficacité
prouvée
À Montréal, l'usine de traitement des eaux de Dorval ajoutait du
fluor à l'eau jusqu'en 2003. Ainsi, seulement 8 % des enfants de maternelle du
secteur avaient la carie en 2001, selon les études de l'INSPQ. La moyenne
montréalaise avoisine les 25 %. Sur le territoire du CLSC de Mercier-Est/Anjou
et celui d’Olivier-Guimond, ce taux se chiffre à 24 %.
Pas une question
d'argent
Selon lui, le fluor, un acide très corrosif, abîme énormément
les tuyaux. Les municipalités de La Prairie, sur la rive-sud de Montréal,
Trois-Rivières et Québec, qui ajoutent toutes du fluor à l'eau, ne constatent
toutefois pas ce genre de problèmes.
« Tout dans le dossier n'est pas
blanc ou noir. Il y a plusieurs zones de gris », estime Alan DeSousa. Il faut
entre autres convaincre la population des avantages d'ajouter un agent chimique
de plus dans l'eau potable. C'est une des raisons qui ont fait que la Ville de
Montréal a fait marche arrière en 1988.
« Je demeure toujours à l'écoute
de tels projets, assure M. DeSousa. Mais le dossier est contesté. Il y a presque
autant d'études en faveur que d'études contre. À la Ville, nous devons tenir
compte de tous les aspects. »